Dans le Coran et par le Coran, l’audition et la réflexion semblent intiment liées. Ainsi, dans certains Versets, les sens nobles (que sont la vue et l’ouïe) et le cœur (siège des sentiments) sont cités ensemble. Par exemple :
« L’ouïe (Sam‘a), la vue (Basar) et le cœur (Qalb) : sur tout cela, en vérité, on sera interrogé. » (S.17, v.36)
A l’inverse, en parlant des mécréants, Allah dit :
« Ils sont sourds, muets, et aveugles, ils ne raisonnent donc pas. » (S.2, v.171)
Comment définir et expliquer cette relation ? Tout d’abord, que dit la médecine ?
Le cœur se forme dans le fœtus avant le cerveau et commence à battre dès le 21ème jour de la grossesse. Ceci suggère que le cœur opère indépendamment du cerveau.
Ensuite, on sait que le cœur et le cerveau communiquent avec harmonie, à travers un réseau nerveux très dense. Ils le font au moyen de signaux électriques, et les perturbations de l’un agissent immédiatement sur l’autre. Le cœur est en effet animé par des connexions neurobiologiques, biochimiques, biophysique (pression) et énergétique. Aussi, quand certaines informations qui sont trop lourdes ou choquantes arrivent à notre connaissance (donc à notre cerveau), elles nous font immédiatement « mal au cœur » ; le rythme cardiaque est lui-même en relation directe avec les sentiments et les sensations (le cœur bat la chamade, palpite, se serre, etc. en fonction des émotions). D’ailleurs, d’après des études statistiques sur les premières greffes cardiaques, on a constaté que le psychisme, les désirs, etc. des greffés étaient très souvent modifiés…
Le cœur, siège des émotions, ressent et perçoit à travers les sens et possède aussi une capacité de traitement des informations. Or cela laisse aussi comprendre que la mémoire ne réside pas seulement dans le cerveau, mais également dans le cœur.
Il existe plus de 40 000 cellules dans le cœur, régissant le rythme cardiaque, les secrétions hormonales et le stockage des informations. Et un véritable flux d’information se produit entre le cœur et les cellules irriguées à partir du sang qui circule dans tout le corps, jouant le rôle de fluide porteur des informations échangées. Alors, le cœur ne serait pas juste un muscle, telle une pompe, mais le centre de l’être.
Au final, le cœur est très souvent la source de nos décisions et presque toujours celui qui permet le passage à l’action, indépendamment du cerveau. Le cœur perçoit, le cœur apprend, le cœur se souvient, le cœur joue dans nos décisions.
A présent, que dit le Coran ?
Le Livre saint présente le cœur comme le siège des sentiments et de la foi. L’être humain n’est pas une simple « machine » comme l’affirmait le philosophe Descartes, mais un être doué de capacités morales, intellectuelles, sentimentales et spirituelles « intégrées ». Or, dans le Coran, le cœur est organe de compréhension. Allah demande : « N’ont-ils pas des cœurs pour comprendre ?» ; inversement, le Coran impute toujours le durcissement des cœurs au péché, au mal, à la désobéissance (thumma qasat qulubukum…).
Aussi, avoir un tas de connaissances n’aura aucun impact sur l’homme, si celles-ci n’atteignent pas son cœur. C’est pourquoi des savants ne seront pas sauvés. Demandons à Allah un cœur pur (« qalb salîm »), un cœur ouvert et apaisé par la foi. Car le cœur peut être générateur d’inquiétude, d’angoisse ou, au contraire, d’apaisement et de sérénité.
« …Certes, c’est par l’évocation d’Allah que les cœurs se tranquillisent. » (Sûrat 13, Aya 28)
Et une fois nos cœurs apaisés, pensons avec nos cœurs pour être en accord avec nous-mêmes et notre Créateur, comprendre le monde et agir de manière juste.