D’après les statistiques actuelles, un suicide se produit toutes les 40 min et une tentative de suicide toutes les 4 minutes ! Le suicide est ainsi la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans après les accidents de la route.
Par ailleurs, deux concepts sont utilisés en sociologie : l’effet Werther (en référence au livre de Goëthe – Les souffrances du jeune Werther – où le héros romantique se suicide) ou mimétisme suicidaire, montrant que l’annonce du suicide d’une personnalité connue entrainera invariablement une augmentation du taux de suicide.
Le second concept est l’effet Papageno mettant en évidence l’association entre les contenus des médias et les variations des taux de suicide.
L’affaire n’est donc pas à prendre à la légère. Preuve en sont les dernières recommandations faites par l’OMS pour la prévention des suicides dans les médias :
Ne pas sensationnaliser ou normaliser, ne pas donner des détails sur le lieu, la manière, etc. c’est dire à quel point l’homme est faible et influençable.
Or l’affaire n’est pas à prendre à la légère, quand on considère que les contenus de ce qui circule sur les réseaux n’est pas contrôlable et que les parents n’ont pas la main sur ce que regardent leurs ados. Aussi, étant donné la gravité de cette question qui concerne chaque parent, chaque adulte, il nous a semblé nécessaire de partager la réflexion suivante. Que chacun n’hésite pas à expliquer ce qu’elle contient, à autant de jeunes pour lesquels il le jugera opportun.
Mis à part tout le soutien psychologique, matériel, affectif qu’un parent peut et doit apporter à son enfant (mais ce n’est pas le sujet de cet article), nous souhaitons rappeler que le Musulman doit toujours raisonner à partir de ce qu’il apprend dans sa Religion.
Souhaiter la mort, est-ce un péché ?
Certains évoquent le cas de Marie, mère de ‘Îssâ, qui se trouva dans une situation bien difficile. On lit dans le Coran : « Puis les douleurs de l’enfantement l’amenèrent au tronc du palmier, et elle dit : Malheur à moi ! Que je fusse morte avant cet instant ! Et que je fusse totalement oubliée. » (S.19, v.23).
Comment souhaiter la mort alors que la vie est un bienfait venant d’Allah ? Cette vie qui, tel un pont, conduit à la vie dernière et où il nous appartient de semer de bonnes œuvres…
Mais chaque homme traverse des épreuves et c’est parfois tellement difficile de ne pas céder, glisser vers le désespoir… D’autant que shaytân nous guette, pour nous faire glisser hors de la foi. Et son objectif, depuis Adam, est toujours le même :
« Puis, shaytân les fit glisser de là (du Paradis) et les fit sortir du lieu où ils étaient. » (S.2, v.36)
Le Prophète (BS) a interdit au Musulman de souhaiter la mort lorsqu’il se trouve dans une situation qui lui pèse insupportablement et lui a conseillé dans sa demande de s’en remettre à la décision du Très-Haut qui connait les limites de chacun de nous :
« Aucun de vous ne doit souhaiter la mort parce qu’un mal l’envahit. Si le cas se présente, qu’il dise : Ô Dieu, donne-moi la vie si celle-ci est un bien pour moi, et donne-moi la mort si tu vois en celle-ci un bien pour moi. »
Ainsi le croyant, même au plus fort de l’épreuve, s’en remet à Allah, son Seul Soutien. Il ne lui est donc pas permis de souhaiter la mort devant l’adversité ou la maladie, la perte d’un enfant, la pauvreté… Car il ne sait pas ce qu’Allah lui réserve ensuite comme soulagement et part de bien ici-bas, ni ce qu’Il lui réserve comme récompense dans l’Au-Delà pour sa patience.
A quoi s’accrocher alors ?
La réponse est à la base de notre foi. Rappelons :
Un des 6 Piliers de Arkân al-Îmân : croire en la Destinée bonne ou mauvaise.
Et l’une des 7 conditions qui font que notre Shahâda (Lâ ilâha illâ Allah) est dite et vécue avec compréhension, est l’acceptation (al-Qubûl).
Les paroles de Maryam, face à la douleur et au désarroi, montrent seulement cette faiblesse qui appartient à la nature humaine, non la révolte et l’idée de s’opposer à son destin.
Aussi, n’oublions pas de lire le verset qui suit directement l’expression de sa détresse, car il témoigne du fait que lorsque le croyant est poussé à bout, Allah Le Bienveillant vient à son secours et lui apporte le soulagement :
« Alors, il l’appela d’au-dessous d’elle, [lui disant :] Ne t’afflige pas. Ton Seigneur a placé à tes pieds une source. »
Soyons confiants en le secours d’Allah Le Tout-Puissant, affrontons l’épreuve, quelle que soit sa hauteur, et patientons, car Allah n’éprouve pas une âme plus qu’elle ne peut (« Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité… » 2-286). Sans cette compréhension, le jeune au désespoir risque de perdre sa foi et de prononcer contre son Créateur des paroles impardonnables, c’est pourquoi il est si important de l’aider à approfondir sa relation à Allah. Le Messager lui-même (BS) n’a pas été épargné. Allah dit :
« Pensez-vous entrer au Paradis alors que vous n’avez pas encore subi [des épreuves] semblables à celles que subirent ceux qui vécurent avant vous ? Misère et maladie les ont touchés ; et ils furent secoués jusqu’à ce que le Messager, et avec lui, ceux qui avaient cru, se fussent écriés : Quand [viendra] le secours d’Allah ? – Oui ! Le secours d’Allah est sûrement proche. » (Sûrat 2 – Aya 214)
Aussi, face au désarroi, au désespoir, et tout mauvais sentiment qui décourage nos jeunes jusqu’à leur faire perdre le goût de la vie, charge aux parents de les guider vers ce qui apaisera leur âme et leur cœur : le contact avec la nature et avec Al-Qur’ân (prière, écoute, récitation).
Et surtout, vous, parents qui avez tant à faire, cherchez à comprendre et à aider, ne soyez pas comme une « porte fermée » pour vos enfants dont Allah Le Généreux vous a confié la charge et pour cela, ne vous découragez pas et AIMEZ. Car c’est l’amour qui donne sens et goût à cette vie.