On court, on court… Le temps nous bouscule. Du gamin haut comme seulement 2 pommes que sa mère pousse jusqu’à la Maternelle avant que le portail ne ferme, au chanteur qui relativise en clamant « Sur la route » et dont les jeunes reprennent le refrain, chacun perçoit que le temps s’accélère et finalement perd son sens. Les hommes sont-ils responsables ou est-ce une fatalité à laquelle chacun ne peut échapper ? « Signe de la fin des temps » disent certains, et après ? Cela suffit-il à l’expliquer ? Non.
Selon une parole prophétique : plus le serviteur s’occupe des choses de ce monde, plus le monde le préoccupe et devient une source de soucis pour lui.
« Celui qui fait de ses soucis un seul souci: celui de l’au-delà alors Allah lui suffit concernant ses soucis de la vie d’ici-bas. Et celui dont les soucis se sont dispersés dans les choses de l’ici-bas, alors Allah ne se préoccupe pas dans quelle vallée de la vie d’ici-bas il va se perdre.» (Rapporté par Ibn Mâjah d’après Ibn Mas‘ûd dans ses Sunan n°4106 et authentifié par Cheikh Albani)
Du‘a « Ô Allah ! Ne fais pas de la dunia notre souci principal, ni notre ultime savoir ! »
Pourtant, on ne peut vivre détaché de tout… Le problème semble donc être dans notre perception du temps. Alors nous posons cette question : comment « prendre le temps », l’apprivoiser, se l’approprier pour en profiter sans se laisser aller à ne rien faire ou, au contraire, être emporté par sa vitesse ?
La réponse est là : pour apprivoiser le temps qui file, il faut savoir s’arrêter soi-même. Pourquoi ? Parce que le temps ne doit pas être perçu comme un bien consommable : On court derrière, on l’attrape, on le consomme puis, aussitôt après, on en cherche à nouveau, on se remet en course.
Eh, mon frère, les années défilent ainsi, et la vie entière ! Un tel rapport au temps n’est-il pas stérile, non profitable ? Alors écoute ce conseil : STOP !!
Si le temps dépend de la perception que nous en avons, il faut comprendre que la seule mesure salutaire à appliquer, c’est cet arrêt auquel se joint l’idée de contentement (source de repos). Lorsqu’une chose est achevée ou lorsqu’un bon moment est obtenu, il faut prendre le temps et y PLACER TOUTE SON ATTENTION pour y goûter. Ne soyons pas les ogres du temps !
Une heure de contemplation ou de méditation où l’on remercie Allah pour ses bienfaits, ne vaut-elle pas une heure de ‘ibada pour le serviteur ?
Ces temps d’arrêt recharge l’énergie et la volonté. Quelle que soit la chose accomplie ou le moment vécu, il faut le VIVRE AU PRESENT, pleinement. Notre rapport au temps doit être positif sinon nous serons ses prochaines victimes, d’autant que le grand maître des illusions (Sh) nous illusionne sur sa durée…
Notre rapport au temps exige donc notre ténacité, non pas notre servilité.
Mais qu’est-ce que la TENACITE ? Elle consiste à ne JAMAIS REDUIRE SON ENERGIE. Et dans quel but doit-on s’efforcer d’avoir cette qualité ? Parce que notre rapport au temps conditionne aussi, au-delà de nous-mêmes, notre rapport aux autres. Et les autres ont besoin de notre énergie, pas de notre accablement ou de nos fatigues ! Alors, nous, musulmans, ne donnons pas l’image de personnes sur-affairées qui marchent sans arrêt ou, au contraire, de personnes dépassées, résignées ou “dégoutées” qui ne savent plus avancer. Il n’y a aucun mérite ni honneur en cela. Sachons au contraire donner de notre temps pour ceux qui ont besoin d’aide. Et surtout, chers frères et sœurs, donnons une bonne image : ni la surexcitation, ni la nonchalance mais une saine énergie et le goût du bon temps. Entraînez-vous !