Chacun de nous s’affaire à tout un tas d’occupations. Qu’elles soient utiles ou futiles, le temps défile. Le contexte social, l’ouverture sur l’ensemble du monde nous pousse à toujours diversifier nos activités, accélérer. Chacun devient l’un de ces « farâshi-l-mabthûth », ces papillons dispersés auxquels sont comparés les hommes à la veille de la grande catastrophe (Al-Qâri’a). Nous nous agitons, nous touchons à tout, en oubliant la profondeur « Essence-Ciel » et surtout le temps.
Lorsqu’on dit à un non croyant que le temps est précieux, il acquiesce et se voit aussitôt comme engagé dans une course, avec la performance pour objectif, ou au moins … sa survie. Mais, où allons-nous ? Pourquoi cet empressement, même dans les temps de loisirs. Et pourquoi, lorsque rien n’est prévu, organisé, on cherche quoi faire pour « passer (voire tuer) le temps ».
Cette expression n’est-elle pas incompréhensible pour un Croyant ?
Quoi qu’il en soit, l’homme est fait pour être en mouvement (comme la vie), se projeter. L’inaction ne lui est pas « naturelle ». Or si tout est à l’image du cycle (cycle des saisons, cycle de l’eau, cycle de la vie, cycle menstruel, etc.), la vie n’est pas une roue, « une vie de route ». Attendez, arrêtez-vous un instant, faites silence.
Le retour à la nature, à la sérénité, à la méditation, qui sont des phénomènes actuels, témoignent du besoin humain de se ré-ancrer, de se re-trouver. Le temps bousculé nous (vous) aurait-il changé en « homme-machine » comme certains penseurs le craignaient il y a seulement quelques années ? L’homme est-il redevenu un moule creux, d’où le souffle (animus), à force de vaines attentes et de dispersion, se serait égaré ?
De bon matin, même avant l’aube, l’homme commence à s’activer, prend sa voiture ou les transports et se lance dans sa journée. Bien souvent, même son retour au soir ne lui permet pas de se retrouver. Il a encore des tâches devant lui, ou sinon, il cherchera à se détourner de sa réalité, comme s’il voulait appuyer sur un interrupteur : série télé ou jeu video ou musique ou nourriture à outrance ou substances, que sais-je ? … Car le besoin de stopper est, lui aussi, naturel.
Mais comment avancer sans « s’emballer », ni se lasser ?
Il faut, certes, un objectif, sinon notre marche ressemblera davantage à une déambulation. « Déambuler » signifie : aller en tous sens, sans but précis, au hasard… Seuls ceux qui croient que la création de l’homme est due au hasard ne font que déambuler.
Il faut donc un objectif positif pour donner sens à notre marche ; mais cela ne suffit pas car les remous et les obstacles perturbent sans cesse notre marche, et c’est inévitable. Remous heureux parfois, malheureux d’autres fois, et qui nous éloigne de notre ligne droite. C’est pourquoi il faut aussi des rappels réguliers tout au long de nos journées et de nos soirées, pour nous recentrer.
Allah nous a donné un objectif : le retour au Paradis comme lieu de repos éternel et sa Satisfaction. Il nous a indiqué comment nous recentrer, à cinq occasions au minimum. Avez-vous une meilleure méthode ?
Aussi, pour parvenir à ce but, deux choses sont nécessaires : éviter autant que possible ce qui nous en éloigne et surtout, y concentrer toute notre énergie, corps, âme et esprit. Y parvenons-nous ? Essayons-nous, au moins ? Sommes-nous en échec ? Gardons-nous des forces et de l’énergie pour tout ce qui est Essence-Ciel à l’atteinte de ce pour quoi Allah nous a créé ? Ou nous laissons-nous entrainer, chaque jour, malgré nos bonnes résolutions, à dilapider nos forces et notre énergie en tout ce qui ne sera finalement que poussières emportées par le vent ?
Relisons donc Sûrat Al-Layl, Ad-Duhâ et Ash-Sharhet méditons.
Nous sommes responsables de nous-mêmes et nous sommes aussi bergers, comme l’explique le Hadîth. Aussi, montrons à nos enfants que courir sans réfléchir n’a pas de sens. C’est la meilleure leçon de vie que nous puissions lui transmettre. Dans une époque où tous les repères sont bousculés, décriés, piétinés, expliquons-leur comment la vie prend sens sous la lumière de la Foi, renforçons en eux cette humanité naturelle (fitra) que tout cherche à effacer… Mais nous n’y parviendrons pas qu’avec des mots, pour montrer, il nous faut prendre le temps de nous arrêter. Que le père donne la main à son fils et qu’ils cheminent ensemble. Sinon, à quoi bon ?